SHIMMY SHIMMY BELLY, 2012

1% décoration artistique, Institut Universitaire de Technologie de Béziers.

Oeuvre Net Art : jardin virtuel évoluant en temps réel suivant les données météorologiques.
WWW.QUBOGAS.COM/MEDIAART/SHIMMYSHIMMYBELLY/

Collaboration :
Code : Nicolas Gans/Regard.net (Flex / Flash Action Script 3 / PHP)
Musique / Music : Olivier Durteste & Mathieu Marien
© photographies : Jean-Pierre Planchon

Lauréat d’un concours « 1% pour l’art », le collectif d’artistes Qubo Gas a réalisé à l’Institut Universitaire de Technologie de Béziers une installation permanente autour de son œuvre Net Art Shimmy Shimmy Belly, un jardin numérique évolutif, poétique et musical.

Shimmy Shimmy Belly est le digne héritier de Shimmy Shimmy Grass, premier jardin numérique de Qubo Gas réalisé en 2004. A l’origine, l’œuvre avait été inspirée au collectif par l’Ile Derborence de Gilles Clément : un jardin de 3500 mètres carrés en milieu urbain, surélevé et inaccessible, dont la végétation évolue sans l’intervention humaine. De cette « forêt idéale » en autarcie dans un environnement citadin, Qubo Gas a imaginé un jardin autonome dans un environnement numérique.

Shimmy Shimmy Belly est connecté à une cinquantaine de stations météorologiques aéroportuaires pour en relever différentes données, à partir desquelles se développera, ou non, la grande variété de plantes imaginaires dessinées par Qubo Gas. Feuillage, herbacées, fleurs exotiques et plantes volubiles se déploient en grappe dans l’espace. Aux mesures d’ensoleillement, température et hygrométrie s’ajoute celle de la force du vent, qui induit une légère rotation de la composition végétale sur elle-même et permet de la voir sous différents angles. Évoluant sous nos yeux sans intervention possible, Shimmy Shimmy Belly est un jardin suspendu insaisissable.

Shimmy Shimmy Belly est visible en ligne, partout et par tous, sans être tributaire d’un support, mais l’œuvre Net Art peut également être mise en valeur par une installation. Pour le site de l’IUT, Qubo Gas a imaginé et réalisé une fresque qui court sur toute la longueur du couloir des étudiants, soit une cinquantaine de mètres, sur lequel s’ouvrent deux patios. La fresque est peinte dans des tons en harmonie avec le reste du bâtiment et la découpe de ses motifs en pochoir est une réminiscence subtile de la végétation de Shimmy Shimmy Belly. A hauteur de chaque patio, un écran plasma de grande taille a été installé, sur lequel est diffusée l’œuvre. L’un des écrans montre un jardin adapté au climat de Béziers, tandis que l’autre écran montre un jardin chaque jour différent, selon la station internationale à laquelle il est connecté. Accrochées à divers endroits de la fresque, des plaques de verre sérigraphiées apportent une ponctuation graphique et colorée, tout en rappelant les motifs délicats de la flore imaginée par Qubo Gas.

Comme tous les projets de Qubo Gas, Shimmy Shimmy Belly a fait l’objet d’une création musicale originale, où des sons accompagnent les différents moments de la croissance de chaque famille de plantes, rehaussant le foisonnement visuel et graphique.

En complément de ce projet in situ, Qubo Gas a édité une paire d’affiches reprenant des plantes de Shimmy Shimmy Belly, qui peuvent être distribuées au public ou aux étudiants. Ces affiches, modulables en papier peint avec celles de projets précédents et futurs, assurent la continuité entre toutes les productions du collectif, tout en représentant un acte généreux, une autre façon de semer et de partager son travail.

Avec Shimmy Shimmy Belly, Qubo Gas poursuit ses réflexions poétiques sur les cycles de vie, où les créations graphiques, subtiles et colorées, sont auréolées de musiques électroniques minimalistes. Dans un établissement scolaire orienté vers les technologies de communication et de réseau, l’installation d’une œuvre numérique incitant à la rêverie est un pied-de-nez au productivisme et à la pression de rentabilité qui pèse sur les nouvelles générations. Qubo Gas, ou comment transformer des données scientifiques brutes en données poétiques douces.

Céline Luchet